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80            LE PAGE DU BARON DES ADRETS.
qui lui servait de demeure. Une femme me donna des soins
et quand le soir le baron, après avoir veillé à la sécurité
 de son armée, rentra chez lui escorté de quelques offi-
ciers, la crainte, sans doute, d'être regardé comme com-
plice du crime de ses soldats, la pensée de la honte qui
rejaillirait sur son nom, le portèrent à blâmer l'attaque
du couvent, à louer ceux de ses soldats qui avaient pu
 sauver quelqu'une de mes compagnes, et à prendre
 lui-même soin de mes jours avec un zèle et un respect
 qui étonnèrent sesaffidés.
    Il avait à son service un soldat d'une force herculéenne.
 Huguenot convaincu, rude à la guerre, Bras-de-fer lui
 servait de garde du corps. C'est à lui que le baron me
 confia. Dès lors,.nul n'eût osé me faire une offense, nul,
 pas même son secrétaire, un Italien, qui d'abord jaloux
 eut, je crois, la pensée de me perdre, mais à qui j'eus
 le bonheur de rendre assez de services pour qu'il me
laissât bientôt agir de mon côté comme il agissait du sien.
    Après quelques jours de repos dans ce malheureux
Chabeuil où nous ne laissâmes que le deuil et les larmes,
l'armée des Huguenots se dirigea sur Valence qu'elle de-
vait assiéger. Le sire de Beaumont, touché par mes sup-
plications, me promit de mo rendre à mes parents aus-
sitôt que nous aurions remonté plus haut que Lyon,
mais pour me faciliter mon voyage, il me fit donner le
costume et m'offrit l'emploi de page que j'acceptai avec
empressement.
    Il paraît qu'il me trouva quelque grâce à monter à
cheval et à lui rendre les services que ma charge exi-
geait, car il s'est attaché à moi et en maintes circons-
tances il m'a témoigné la plus paternelle amitié.