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76             LE PAGE DU BARON DES ADRETS.

 lui demanda l'autorisation de revenir avec ses parents
pour solliciter ma main. Mon père répondit avec vio-
lence que depuis longtemps il avait fait son choix et
que j'étais fiancée à Dieu. Malgré sa tendresse pour moi,
l'orgueil de son nom ne lui permettait pas d'amoindrir
 la fortune de mon frère. L'habitude de m'avoir auprès
de lui avait seule retardé l'époque où je devais me con-
sacrer au Seigneur. Gaston eut beau prier, mon père
fut inflexible et dans son emportement il lui échappa de
dire quelques paroles qui devaient le brouiller avec les
 Talaru sans retour.
    Gaston partit offensé et désolé, et j'ai su qu'après un
 voyage lointain il est mort sans avoir pu se consoler.
Quant à moi, j'eus beau opposer à mon père- une volonté
 que je croyais égale à la sienne, je dus céder ; ma résis-
 tance n'ayant fait que l'irriter, il fallut, sans délai, faire
mes préparatifs de départ, et moi qui avais à peine con-
 sulté l'avenir, qui ne désirais unir mon sort à aucun des
jeunes seigneurs qui nous visitaient mais qui comptais
passer encore de longues années, toute ma vie peut-
être, sous le doux toit paternel, je dus faire mes adieux
 à notre cher pays, à nos vallées, à nos grands bois ; re-
noncer à cette vie de grand air et de liberté pour ense-
velir ma jeunesse dans l'ombre calme mais étouffante
d'un cloître.
    Craignant un retour et des souvenirs, mon père voulut
 m'expatrier et sa pensée se porta sur un couvent loin-
tain où je devais oublier tout ce qui m'aurait rappelé
notre cher pays.
    Nous vînmes à Lyon, où commençaient à gronder
les agitations populaires. Les nouvelles idées de réforme