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LE PAGE DU BARON DES ADRETS
SUITE (1).
Le château de Pierre-Seize n'était pas seulement une
forteresse redoutable, c'était aussi le séjour de prédi-
lection des archevêques de Lyon qui, souvent en guerre
avec le peuple et la bourgeoisie, trouvaient sur ce roc
élevé la plus complète sécurité. Quand l'émeute gron-
dait dans les rues de la ville, que les chaînes tendues
d'une maison à une autre autour de l'église Saint-
Nizier, interceptaient le passage aux arquebusiers du
Chapitre, que les balles frappaient les maisons d'une
rive de la Saône à l'autre, que la rue Mercière, la rue
Grenette, la rue Confort bourdonnaient comme des
ruches dont les abeilles sont en fureur, une troupe
armée sortait du cloître Saint-Jean, suivait la rue Tra-
massac, la rue de la Boissette, la rue de la Saulnerie et,
prenant le chemin escarpé de Montauban, venait s'enfer-
mer dans la sombre citadelle qui gardait la ville en domi-
nant la rivière. Les bourgeois pouvaient venir avec leurs
arquebuses et leurs échelles, les fières tours sur le haut
rocher étaient à l'abri de l'insulte et n'étaient ébranlées
ni par les menaces ni par les cris. Les bourgeois alors
repassaient le Pont-de-Pierre et rentraient exaspérés
(1) Voir les précédentes livraisons.