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et la prière, mais cette arme était toute-puissante, et personne
ne la bravait en vain parce qu'elle était toujours au service du
droit et de la justice, et qu'elle avait pour au-uliaire la conscience
des pouvoirs publics désormais plus éclairés et plus forts. Le
rôle des abbés de Ciuny est du reste longuement décrit dans le
cours de cet ouvrage, et M. Pignot n'a omis aucun des faits qui
l'ont manifesté. On ne saurait pousser plus loin le détail et
l'exactitude de l'information.—Ces actes d'autorité étaient autant
de bienfaits, ils proclamaient des droits inprescriplibies ; nul n'y
recourait en vain. Les peuples respirèrent ; l'ordre moral était
à jamais restauré. On fait trop bon marché aujourd'hui de pareils
services rendus àla civilisation par les institutions monastiques
parce qu'on oublie le point de départ, les circonstances effroyables
qui suivirent la chute de l'empire romain, et qui signalèrent la
reconstitution du monde moderne au lieu de l'anarchie et du
chaos. Mais l'histoire est là pour le rappeler. Cluny, Messieurs,
est en définitive une création de l'Eglise de France : que la France
en soit fière, parce qu'elle est une des gloires de son passé.
   Je suis obligé d'abréger, Messieurs, cette trop rapide analyse
pour laquelle d'ailleurs, non les jours, mais les heures m'ont
manqué. Je passe bien des chapitres remarquables, bien des
faits qui se rapportent à cette lutte héroïque de la papauté
contre le pouvoir temporel. M. Pignot explique avec une mer-
veilleuse clarté et une grande hauteur de vues la fameuse querelle
des Investitures dans laquelle Cluny fit entendre sa voix et
ses. conseils. On est étonné de voir des principes.tout moder-
nes sous la plume d'un moine de Cluny, Pierre Damien. Dans
un écrit adressé au concile d'Osbor en Saxe, en 1062, Pierre
Damien, définissant les relations de l'Eglise et de l'Etat, disait
que le seul lien qui dût les unir, pour la paix du genre hu-
main, était celui de la charité ; que le pouvoir spirituel et le
pouvoir temporel devaient s'opposer à toute discussion entre
leurs membres ; que rien du reste dans les relations de l'empe-
reur et du pape ne devait porter atteinte à la prérogative surémi-
nente de ce dernier, prérogative toute divine et qu'il n'était
permis à aucun homme de s'attribuer.