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38 NÉCROLOGIE. Cette réunion, composée de l'élite des artistes et des littéra- teurs lyonnais, était connue sous le titre de : Société des Intelllli- gences (avec quatre ï); un tribut mensuel, artistique ou littéraire, exigé de chacun, était régulièrement apporté ; douze jours avant sa mort, M. Baron m'exprimait ses regrets pour la perte des cro- quis spirituels que cette institution fit cclore. Quelques délicieuses pièces de poésie, dues à la plume élégante et facile des Boite], Genod, Morel, Trimolet et autres, sont tout ce qui nous reste de ces réunions attrayantes qui seront bientôt oubliées. Les hommes disparaissent et ne laissent le plus souvent qu'un vague souvenir ; honneur à ceux dont on. ne rappelle la mémoire qu'avec vénération, à ceux dont on peut dire : Il fut un homme de bien ; Baron en était un ! ! ! JACQUET H. 26 juin 1869, JEAN MOREL. Les amateurs de livres s'en vont, et, après eux, les trésors qu'ils avaient amassés à force de patience et d'argent, se dispersent au loin. Ces réflexions nous sont suggérées par la mort récente de M. Morel (Jean), ancien marchand boucher de Lyon, décédé dans sa 71 e année. M. Morel avait les goûts d'un véritable bibliophile, et il était parvenu à en acquérir les connaissances. Toujours à l'affût des livres qui entraient dans sa spécialité, il ne. lésinait pas pour se procurer ceux sur lesquels il avait jeté son dévolu. II avait la coutume de dire à ses pourvoyeurs : « Ne craignez rien, en « achetant ce que je vous demande; si je trouve trop cher vou* « ne vous en apercevrez pas. » Aussi, il laisse une bibliothèque précieuse composée de romans de chevalerie, éditions gothiques ; les anciens conteurs y sont re- présentés par les meilleures éditions, ainsi que les facéties les plus rares, pour lesquelles il avait une prédilection marquée.