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508 BEAUX-ARTS. tours cette sécheresse que donnent quelquefois les tailles trop accusées du burin. Peut-être en ôtant quelques demi-teintes, le graveur eût-il obtenu encore plus de franchise dans l'effet géné- ral ; mais au total on voit que l'artiste n'a rien négligé pour interpréter dignement cette belle page de notre Musée, et en faire un titre durable à la gloire lyonnaise et à la renommée du peintre. A son départ pour Rome, d'où ne devait revenir que sa dépouille mortelle, Flandrin avait vu l'œuvre à son début et l'avait même retouchée. Conduire un travail à ce point demande plus que jamais une persévérance que l'amour pur de l'art peut seul inspirer ; et cette abnégation est d'autant plus admi- rable que le graveur trouve dans la photographie une redoutable concurrence. Je ne conteste pas l'avantage qu'ont par cette inven- tion les amateurs de se mettre au courant des peintures célèbres, et de pouvoir réunir dans leur album comme un musée en miniature ; mais il n'en est pas moins vrai qu'il y a là une dépréciation singulière des œuvres d'art. Toutefois, que les vrais artistes se rassurent ; le soleil, tout roi de la création qu'il est, ne saurait être un rival sérieux... Il n'est, après tout, que le serviteur d'une ma- chine, et les productions du génie l'emporteront incon- testablement sur celles dont l'industrie l'aura fait l'aveugle instrument. La photographie demeurera toujours un métier, et jamais ses procédés ne feront apparaître sur ses iniages le rayon de l'intelligence et l'à me de la nature. La civilisation, qui ne sombre pas encore, ne saurait se passer de beau et d'idéal, et les œuvres reflétées au foyer du génie en sortiront toujours plus resplendis- santes que celles qui auront passé par la chambre obscure du photographe. Bien loin de se décourager, que les artistes fassent tourner au profit de leur art les découvertes de la science : le génie est un feu sacré qu'on leur demandera toujours, comme autrefois Rome à ses Vestales. Qu'ils persévèrent, comme M Lehmann, à conduire, patiemment leur burin, et leurs contemporains eux- mêmes, devançant les suffrages de la postérité, les dédommageront amplement de leurs sacrifices. L'abbé DE SAINT-PULGENT.