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              LE PAGE DU BARON DES ADRETS.             481

vigueur; il opposa une résistance désespérée. Il fallut
plusieurs soldats pour maintenir ce courageux moine,
et ses clefs prises, les soldats le jetèrent à la Saône.
Mais il était bon nageur, il gagna rapidement l'autre
rive et montra un poing menaçant aux soldats stupéfaits.
    — C'est un brave, dit le baron des Adrets, et si
tous avaient eu son courage, ils nous auraient mis dans
leurs oubliettes ; mais ne perdons pas notre temps,
fouillons d'abord le couvent et fermons ces gaillards ;
que deux hommes les gardent et au premier mouve-
ment les égorgent tous. On emmena le supérieur et on
le força à découvrir les trésors de la maison.
    Quelle ne fut pas la stupéfaction des huguenots et
leur joie quand ils trouvèrent tant de richesses. Tout
était d'or et d'argent massif; les moindres objets étaient
en métal précieux. Des ostensoirs, des calices, des
châsses, des ornements ruisselaient de pierreries; les
trois églises du couvent furent pillées, mais les trésors
de la grande sacristie surpassèrent tout le reste. Cepen-
dant ce qui leur donna le plus de besogne, ce fut une
grille d'argent massif du plus fin travail, et la statue du
même métal de la Vierge.
    Le baron des Adrets était si ébahi qu'il dit au supé-
rieur : Maintenant, je te liens quitte des rançons, j'irai
 les prendre moi-même ; et si j'ai pareille aubaine,
j'aurai de quoi faire longtemps la guerre aux Guises.
 Après avoir parcouru les domiciles particuliers, où l'on
 trouva encore un grand nombre d'objets précieux, on
 ferma le tout dans une grande pièce qui fut confiée aux
 deux plus vieux arquebusiers, les autres descendirent
 à la cave, prirent les meilleurs flacons de vin et ce qui
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