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47Ô LE PAGE DU BARON DES ADRETS. l'orgueil de la chrétienté, l'opulente maison objet de leurs convoitises. — Courage, nous approchons, dit le baron des Adrets. Mais le courant était de plus en plus rapide, on était entre une balme escarpée et les murs de l'île Barbe, but de leur expédition. Nous sommes arrivés, dit le baron, tâchons d'at- teindre les bords. Et au même instant la barque fut jetée avec violence sur les rochers par les flots. Uu rameur voulut parer le choc en opposant sa rame qui fut brisée; et la secousse fut si forte que la barque s'emplit d'eau. Us allaient périr et les moines étaient sauvés, mais des vignes sauvages couvraient toute cette partie des murs. Ils les saisirent avec cet instinct que donne le danger de la mort, et ils se hissèrent sur les ter- rasses. Un seul restait dans l'eau, une main attachée aux vignes sauvages et l'autre tenant une caisse mystérieuse qu'il n'avait pas voulu abandonner. Le baron des Adrets lui jeta une corde qu'il saisit, y fixa la caisse et se hissa ensuite sur le mur avec dextérité. L'île Barbe est à peu de distance dé Lyon, sur un rocher, au milieu de la Saône qu'elle partage en deux bras. Le monastère qui y est construit, est un des plus célèbres de la chrétienté. Puissant au temps de Charle- magne, il fut depuis ruiné bien souvent ; mais toujours il se relevait de ses ruines plus riche et plus prospère. Toutes les grandes familles tenaient à honneur d'avoir des leurs dans celte grande communauté. Depuis la fin du septième siècle, les religieux prirent la règle de saint Benoit, et bientôt la réputation de sain-