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432 HISTOIRE LITTÉRAIRE »E LYON. timent de respect et d'amour ne reporte-t-il pas, sur le point de terminer, sa pensée vers ce refuge de tant de saints personnages ! Nul, en son temps, n'eut, et dans un meilleur langage, de pareils élans de véritable sensibilité. Ampère, ce juge si délicat des choses de l'esprit et du style, Ampère s'est plu à citer cet épilogue; il en a même traduit une partie (1). Quant a nous, nous ne pouvons résister au plaisir de le donner dans sa presque intégralité. « Certes, elles ont un droit égal a mon respect les soli- tudes illustrées par la séquestration des âmes pieuses ! Mais, entre toutes, c'est ma bien-aimée Lérins que j'honore, elle qui, tendant ses bras hospitaliers aux victimes des orages du siècle, les reçoit toutes pantelantes de leur agitation mondaine (2) ; elle qui les fait discrètement entrer dans la douceur de ses ombrages, pour que, tant est salutaire cette ombre intime du Seigneur, leur esprit troublé se recueille et s'apaise (3). Abondante en eaux vives, brillante de l'éclat des gazons, diaprée de fleurs, douce a l'odorat comme a la vue, elle offre à ses possesseurs une image de ce paradis qui sera leur possession.... « Quelle réunion, doux Jésus, quelle famille de saints j'ai connue là ! A voir comme les unit la charité, les abaisse l'humilité, les adoucit la piété, les fortifie l'espérance; comme est modeste leur démarche, prompte leur obéissance, réservé leur abord, sérieux leur visage , il semble contempler une des phalanges de la béatitude angélique (4). Ils ne recher- (1) Hist. litt. de la France, t. I, p. 429-430. (2) Quœ procellosi naufragiis mundi effusos jnissimis ulnit receperat venientes : ab Mo sœculi flagrantes œstu... (3) VI Mie spiritum sub Ma inleriore Domini umbra anheli résu- mant. (4) Ipsa protims contemplatione angelicœ quietis agmen ostendunt.