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428             HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LYON.

Dieu au milieu de ce labeur, vers l'année 550, d'après les
meilleures autorités.
   On ne dira jamais de saint Eucher qu'il pense d'une façon
et qu'il écrit d'une autre. Passant tout entier dans ses ouvra-
ges, ce grand évêque s'y montre a chaque page tel que nous
l'avons vu. Jamais plus exact rapport ne s'est établi enire
les pensées et les œuvres d'un homme ; celles-ci sont le
miroir limpide et inaltérable de celles-là, même dans les
instants où, pour se faire jour, l'inspiration lutte contre les
difficuliés de la composition. Qu'il célèbre, nous allions dire
qu'il chante les délices du désert, ou qu'il raconle la calme
résistance de la légion thébéenne, il est sûr de la sympathie
de ses lecteurs, car ils savent comme il a renoncé au monde
et comme il eût renoncé à la vie , si le martyre se fût pré-
senté dans sa voie. Ce côté moral de ses livres, mis d'abord
dans la balance, nous passons à leur examen littéraire.
    Le premier en date est son écrit intitulé : De lande eremi.
C'est à la fois un traité el un panégyrique. Un traité, l'auteur
donne l'historique du désert depuis l'origine de l'homme; un
panégyrique, il fait du bonheur qui naît de la fréquentation
de la solitude un éloge sans restriction. Ce n'est donc point
 une Å“uvre purement didactique. En le composant, Eucher
ne se propose que de répondre aux nombreuses lettres de
saint Hilaire, son ami. Uneépître un peu plus longue que les
épîtres ordinaires, voila ce qu'il compte faire. Aussi l'écrit-il
au courant de l'âme ; nous ne dirons pas au courant de la
plume, car elle porte l'empreinte d'une rédaction laborieuse,
mais il était à son début. « Puisque, dit-il a l'évêque d'Arles,
tu me presses de répondre a ta très-diserte et très-étendue
 correspondance, ne t'impatiente pas, toi qui es l'expérience
même, de mon inexpérience, tandis que je vais te retracer
les grâces diverses du Seigneur envers la solitude, sa bien-
 aimée. »