page suivante »
SUJETS TIRÉS DES POÈMES D'OSSIAN. 407 bres qui en augmentent l'horreur. Si Colmar poursuit l'Esprit des tempêtes, la crête des flots en fureur est seule éclairée par la lune presque voilée sous les nuages, et par les sillons de la foudre. C'est derrière des rochers som- bres et nus, que le perfide Ca'ïrbar attire le fils d'Ossian pour lui percer le cœur ; et les pâles reflets de la mer laissent entrevoir les vengeurs qui s'avancent. M. Chenavard a réservé toute une gamme de clairs plus ou moins obscurs pour une série de scènes plus humaines, plus ordinaires, si l'on veut, mais constamment relevées par l'expression de la vertu qui fait la vraie grandeur. Tantôt, dans Une fête chez Fingal, le spectateur attentif remarquera la fière élégance de ces deuxjeunes héros qui vont commencer une danse guerrière, et la noble modes- Lie de la jeune fille destinée à l'un d'eux, et qui va les ac- compagner de son luth ; tantôt, l'anéantissement de Mal- vina après la perte de son fiancé, et la douloureuse svm- pathie de ses compagnes qui n'espèrent plus la consoler : ailleurs, le vaillant Crothar offre son hommage à la belle Collama ; le javelot est tombé des mains de l'ardent chasseur, la tendresse et l'espoir respirent dans son re- gard, le respect dans toute son attitude; la vierge dé- tourne légèrement son beau visage et voudrait le voiler sous les flots de sa chevelure ; sa réserve et sa dignité font ressortir ses grâces, mais elle ne refusera pas sa main au héros d'Alnecma. Ne cherchez point dans cette œuvre les émotions vio- lentes que font naître à plaisir les artistes ou les auteurs qui exploitent à leur profit les travers du cœur humain. Ils. ne trouveront ici ni suicides, ni adultères, rien de lâche, rien de bas, rien qui n'inspire l'amour de la patrie, le mépris du danger, le respect des femmes ou des mœurs (c'est tout un), le sentiment fécond de l'immortalité. Con-