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LE PAGE DO BARON DES ADRETS. 379 soin des blessés et ne les a-t-on pas confiés à mon page qui les eût fait soigner? Je n'entends pas que de braves soldats combattant pour la bonne cause soient ainsi abandonnés. — Monseigneur, dit Blancon, ce sont des religieuses prisonnières qui ont été amenées là par des soldats. — Pourquoi faire, dit le baron ? veulent-ils les convertir à la nouvelle foi? — Ce serait un grand bien , Monseigneur, répondit le farouche Montbrun, un des plus vaillants capitaines de l'armée. Le baron des Adrets s'arma d'un flambeau et ordonna à son lieutenant Montbrun de faire le partage. I! fit la part des frais de guerre, celle du général, des officiers et des soldats. Cette besogne finie, le baron cria de sa voix sonore : J'approuve. Chacun se saisit de son butin, et malheur à qui aurait murmuré. Puis il descendit lentement les marches du sanctuaire et se dirigea du côté d'où étaient partis les gémissements. Là un specta- cle impossible à rendre s'offrit à ses regards. Des religieu- ses, liées comme des bêtes de somme, gisaient là sur les dalles souillées de sang et de vin; des prêtres revêtus des habits sacrés attendaient leur martyre et exhortaient les saintes filles du Seigneur. A la vue du baron des Adrets, au regard farouche, à l'attitude sinistre, les contemplant comme le tigre contemple sa proie, les religieuses eurent une indicible terreur; elles pressen- taient le sort qui allait leur être réservé. Quant aux soldats ils regardaient le .baron des Adrets et cherchaient à lire dans ses yeux l'arrêt qu'il allait prononcer, et leur regard s'allumait de basse convoitise. Cette fouie muette ,