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LE PAGE DU BARON DES ADRETS. 377 sang et de pillage , tant de crimes et d'incendies ? Votre âme n'a pas soif de tant de cruautés et vous les laissez commettre! Oh! vous avez de belles jeunes filles que vous aimez et qui vous aiment. Pourront-elles vous serrer dans ieurs bras lorsqu'elles verront le sang dont vous êtes couvert ? ne leur ferez-vous pas horreur ? Oh ! écoutez la prière de votre enfant, puisque c'est ainsi que vous m'appelez, ou laissez-moi partir, que je retourne à ma famille. — Te perdre déjà , dit le baron ; mais que devien- drais-je sans toi ? Tout le monde me craint, mais personne ne m'aime que loi. Regarde-moi, ne suis-je pas un monstre. Non, détourne ton regard, mon image doit l'épouvanter. Ah! pourquoi l'ambition, ce serpent de l'homme . est-elle entrée dans mon cœur ? Que j'eusse été heureux de n'être point mêlé à ces troubles ! Mais puis-je abandonner à eux-mêmes ces hommes que j'ai déchaînés. Que faire, maintenant qu'ils sont ivres de sang? Entends-tu ? ils chantent dans l'Eglise la parodie des cantiques sacrés que j'ai entendus dans ma jeunesse. Ah! que je souffre! mais je le jure, Flavio, que ces crimes commis en mon nom me font horreur, et que je ferai tous mes efforts pour épargner les victimes. Reste encore, enfant, qui sait si. . . . Non! je ne dois pas remettre l'épée au fourreau, sans que mes ennemis aient crié merci! » Au même instant un bruit de pas se fit entendre dans l'escalier de la tour, et Blancon suivi de Bras-de-Fer, écuyer du page, pénétra sur la plate- forme de la tour. — Monseigneur, dit Blancon en se découvrant, par- donnez-moi d'avoir enfreint la consigne qui interdit