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                                LETTRE

   AU SUJET DU SARCOPHAGE DU PALAIS SAINT-PIERRE.

                                          Lyon, ce 7 octobre 1868.

       Monsieur le directeur de la Revue du Lyonnais,

    La fontaine qui s'élève au centre de la cour du Palais-des-Arts a
 subi, ces jours derniers, une modification pouvant peut-être paraître
 regrettable à ceux qui n'en connaissent pas les motifs.
   Le beau sarcophage gallo-romain servant de vasque a cédé sa place
 à un autre à peu près de la même époque, mais d'une bien moindre
 valeur. Ce changement a été opéré en vue de sauver un monument
 magnifique ne pouvant supporter plus longtemps les intempéries aux-
 quelles il était exposé pendant l'hiver. Taillé dans un bloc de marbre
 de Paros, à grosses paillettes que les gelées détachaient sans cesse, ce
 sarcophage s'altérait d'une manière sensible, devenait friable et se
 voyait menacé d'une ruine prochaine.
   Placé aujourd'hui sous les arcades du Palais-des-Arts, ce monu-
 ment , l'un des plus beaux du musée lapidaire, sera plus, facilement
 admiré et étudié par les nombreux visiteurs de notre galerie épigra-
phique. C'est l'un des quatre sarcophages envoyés d'Arles, il y a plus
de deux siècles , à l'archevêque de Lyon, Alphonse-Louis du Plessis
de Richelieu, frère du célèbre cardinal de ce nom.
   En 1804, deux de ces sarcophages se trouvaient encore dans la
cour de Sainte-Marie-des-Chaînes, et disparurent quelques jours après
qu'Artaud lefe eût dessinés. L'un était un peu fruste, et semblait re-
présenter l'apothéose de Castor et Pollux. L'autre, d'une conservation
parfaite, était orné, sur le devant, de sirigiles (cannelures torses) et
chacune des deux extrémités présentait une tête de lion de grandeur
naturelle, tenant un gros anneau entre ses dents.
   Notre sarcophage du musée servait de réservoir dans le jardin de
M. Tinner, à Sainte-Marie-des-Chaînes, et c'est au zèle de M. d'Her-
bouville que nous devons de le posséder.
   Ce sarcophage, les deux que je viens de décrire et celui représen-
tant la chasse de Méléagre, cédé à M"* de la Barmondière par M. de
Jouy, qui avait eu le malheur de le dégrader en voulant le faire re-
gratter, sont les quatre tombeaux venus d'Arles.
   Veuillez, monsieur le directeur, agréer l'hommage de ma parfaite
considération.
                                        H. MARTIN-DAVJSSIGNY.