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294 L'ORIENT D'EÙUOPIO AU FUSAIS. A tout prendre, les anciens Grecs étaient fort supers- titieux et ne redoutaient, en fait de religion, qu'une chose : l'impiété. A part cela, très-tolérants pourvu qu'on adorât quelque dieu. Le soir, nous faisons un tour de promenade au jardin du roi, à travers les vergers d'orangers, les taillis de lauriers roses, les bouquets de daphnées, les broussailles de rosiers, les pelouses de portulaca, sorte de tulipe vio- lette, les champs de verveines et les tonnelles de cléma- tites. L'heure de la fermeture arrive, et nous abusons de notre qualité de Français pour déclarer que nous ne com- prenons pas ce que nous veulent les gardiens, si bien qu'ils finissent par penser que, puisque nous ne voulons pas nous en aller, c'est que nous en avons le droit, et, avec force salutations, on nous laisse admirer les ioukas monstrueux s'élançant des parterres, les aloës tourmen- tés comme des pieuvres, les palmiers, les jasmins jaunes et odorants et les échappées de vue sur la mer, l'Acropole ou le temple de Jupiter. Pourtant l'obscurité nous chasse et.nous allons nous promener à l'aventure du côté de la lanterne de Diogène. On appelle ainsi un petit édicule assez gracieux qui n'est pas une lanterne et qui n'a aucun rapport avec ce philo- sophe. Arrivés rue des Trépieds, nous ne savons trop où aller, et nous demandons notre chemin à deux jeunes filles fort belles installées devant la porte de leur maison. Elles ont des airs assez délurés et nous essayons de lier conversa- tion ; mais nous voyons un peu tard que notre entretien ne convient pas à ces dames qui nous ferment la porte au nez. Aussi, ça nous apprendra à aller respirer par un