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L'ORIENT D'EUROPE AU FUSAIN. 291 peuple de Dieu, qui était par conséquent leur divinité exclusive, le Dieu d'Abraham, mais pas des autres. Comme contre-poids à ce penchant vers l'unité divine, beaucoup de Grecs avaient des prédilections pour telle ou telle Minerve; les uns préféraient Pallas-Tritonide à Pallas-Ergané ; d'autres allaient jusqu'à Corinthe ou à Sunium pour obtenir les faveurs de Minerve-Chalinitis ou de Miner.ve-Suniate. Et quand on leur demandait pourquoi ces préférences et ces pénibles pèlerinages, ils répondaient que, puisque la déesse faisait de nombreux miracles dans certains sanctuaires, c'est qu'elle de- mandait à y être adorée plus spécialement. Absolument comme ceux qui préfèrent la Salette à Fourvière. Tout cela n'excluait pas, bien entendu, les.dévotions aux autres dieux de l'Olympe. Il est même curieux de rechercher comment tous ces mythes ont pris naissance, d'où ils viennent, ce qu'ils représentent, comment ils se sont transformés avec les âges, et surtout comment les comprenaient leurs diffé- rents adorateurs. Je m'empresse d'ajouter que ce travail n'est pas facile. Beaucoup l'ont tenté, et chacun, à force de vouloir trop prouver, dans le but de faire - triompher un système qui expliquât tout, chacun, dis-je, s'est noyé dans sa propre théorie. Les uns ont dit : la mythologie grecque n'est qu'un composé de légendes issues de l'imagination des peuples, ce sont des contes divinisés. D'autres n'ont vu là que des faits historiques rendus surnaturels, soit qu'un héros devienne dieu, soit que les noms de dieux représentant leur ville préférée, il faille entendre par la lutte d'un dieu contre un autre le fait historique d'un combat entre deux peuples. C'est à vo-