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LA BOMBES. 273 que dans les pages des plus grands historiens. Il n'est point banal comme eux, point sujet à la corruption. Il est toujours varié, toujours lui, toujours beau et bon : parce qu il est le résultat immédiat de l'utile, la voix du peuple, le point de communication par lequel les choses d'en haut se manifestent ici-bas On ferait un beau livre sur l'omnipotence que l'art devrait obtenir et sur le contrôle qu'il est en droit d'exercer sur l'histoire, mais c'est un aigle et rien de moins qu'il faudrait à cette tâche. Et comment convain- cre nos contemporains de la nécessité de réformer notre histoire par les monuments nationaux ? Comment leur prouver qu'ils s'égarent en adoptant des types hétéro- clites créés pour d'autres besoins, d'autres temps, d'au- tres lieux ? puisqu'ils ne veulent pas s'apercevoir que nous ne sommes plus ni Grecs ni Romains ; que nous vivons sous un ciel pluvieux, que le Parthénon est un hors-d'oeuvre dans laChaussée-d'Antin ! La renaissance, que Dieu confonde ! nous a amenés peu à peu à regarder la Bourse et l'église de la Magdeleine comme des choses intrinsèquement belles. Or, qu'est-ce qu'un temple chrétien où l'on ne peut se cacher pour prier, où l'on ne peut trouver place pour les stalles et le chœur'; où les confessionnaux, les fonts baptismaux, la sacristie et la chaire sont choses impossibles ; où l'on ne reçoit de lumière que par un toit plat, et seulement les jours où il ne neige pas : où, enfin, le pourra-t-on croire, on ne peut appeler les fidèles au son de la cloche, puisqu'il n'y a et ne peut y avoir ni cloches ni clochers !... puis il est impossible à l'étranger de deviner la destination d'un édifice si vanté ; il dira bien c'est un bazar, ou bien 18