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                              LYONNOISIANA.                       253

         Voici une anecdote sur un Lyonnais, tirée du recueil
      intitulé : Pièces intéressantes et peu connues pour servir à
      l'histoire et à la littérature. Paris, 1785. L'auteur, Pierre-
      Antoine de la Place, était né a Calais en 1707 et mourut
      en 1793. Use donnait le titre de doyen des gens de lettres,
      sur quoi on disait qu'il se faisait doyen d'un corps dont il
     n'était pas.
         « Pécoîl, qui avait fait fortune dans les gabelles, fit cons-
     truire dans le lieu le plus retiré de sa maison un caveau
     fermé par trois portes dont la dernière était de fer , et
     il y allait de temps en temps visiter' son trésor. Un
    jour il y alla de grand matin, et n'étant pas rentré le soir,
     sa famille fit le lendemain enfoncer la porte du caveau. On
     trouva le malheureux vieillard étendu sur ses coffres, les
     deux bras rongés. Sa femme quitta Lyon, vint s'établir a
     Paris avec son fils, qui épousa une fille de Legendre, de
    Rouen, dont il n'eut qu'une fille, mariée au duc de Brissac,
    et qui mourut en 1720. »
        Je crois cette anecdote fausse pour plusieurs raisons :
    d'abord ce trait d'avare expirant sur ses coffres est fort
    ancien et a servi de thème a un millier d'anecdotes ; en
    second lieu, l'espace de vingt-quatre heures est trop court
    pour arriver a des bras rongés, et par qui ? Enfin, Claude
    Pécoil, dont il est question, seigneur do Villedieu, marquis
x
    de Septème, prévôt des marchands de Lyon en 1685, mort
    en 1719, n'avait pas été dans les gabelles, et son père était
    déjà au-dessus du rang infime que M. de la Place lui attribue,
    car il fut échevin. Son fils, nommé aussi Claude Pécoil,
    mourut avant lui et sa fille Catherine Pécoil vivait encore
    en 1726. De son mariage avec le duc de Cossé-Brissac elle
    eut une fille qui épousa le duc d'Ayen, de la maison de
    Noaîlles.