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248 LYONNOISUNA. exemplaire manuscrit du Formulaire de Bredin, composé ,par. son gendre Benoist du Troncy. Son grand-père était capitaine pennon du Plat-d'argent. Quant à lui, il ne fut rienj sa vie pourtant ne s'écoula pas inutile : il travailla par ses discours et ses exemples à conserver, malgré vents et marées, les traditions de l'esprit lyonnais, dont il comprenait le mérite et les avantages. C'était un caractère mélangé de douceur et de ténacité dans ses opinions ; simple dans ses moeurs, habituellement réflé- chi et m£me taciturne, il avait profondément médité sur là marche des idées modernes et s'était cramponné avec une sorte de frénésie aux idées d'autrefois, ce qui fit croire à ses voisins qu'il avait la cervelle détraquée. Né en 1770, il fit le siège de Lyon, se distingua sous les ordres de Gingenne , et après la funeste issue de cette lutte héroïque, il n'échappa à l'échafaud révolu- tionnaire qu'en passant par une suite de péripéties dignes d'être racontées, si on pouvait en réunir et coordonner les détails. Cet homme estimable est mort il y a peu d'années, et les derniers moments de son existence ont été attristés par les changements qui s'opéraient dans sa ville chérie et par la disparition de tous les souvenirs qui lui étaient chers. Aussi il désirait la mort, et comme il avait vécu en chrétien, la mort ne lui apparaissait que comme la fin de ses épreuves. Pour lui, Lyon avait cessé d'être du moment où le langage lyonnais avait reculé d'une semelle devant l'argot de Paris. L'embellissement des boutiques lui avait paru une chose déplorable; il disait qu'à part ceux qui vendent des objets de luxe, d'un goût douteux comme celui de ceux qui les achètent et