Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
            J'AI RETROUVÉ MA CRAIE.




    Je suis né dans la maison de campagne de mon grand-
père; il en occupait le rez-de-chaussée et ma famille le
premier étage. Là s'écoula mon enfance, entourée de celte
auréole de soins providentiels dont nos meilleurs amis,
c'est-à-dire nos parents, sont seuls capables. C'est dans
cette sereine atmosphère, dans ce milieu de tendresse et de
bonté que s'envola mon âge d'or.
    Mais si ce bonheur auquel chaque habitant de la maison
paternelle prenait plaisir à contribuer fut grand pour moi,
je ne saurais affirmer qu'il fut toujours réel pour ceux à
qui j'en étais redevable ; mon enfance fut turbulente,
étourdie, et je mis aussi souvent à l'épreuve la patience de
mes parents que leur affection ; mille petits méfaits de ma
part durent être supportés par eux, je me trouvais sans
cesse placé entre une faute et un pardon. Trop certain de
leur indulgence, il n'était pas de journée à laquelle je ne
fusse obligé d'y avoir recours, et je me souviens en ce mo-
ment d'une espièglerie assez marquée qui m'a valu, il y a
une année, l'émouvante surprise d'en retrouver encore les
traces aux lieux chéris qui furent mon berceau et le théâ-
tre de mes plus innocents plaisirs. Je ne sais trop où ni
comment je me trouvai un jour le possesseur d'un gros
morceau de craie rouge ; mais si j'ai oublié la manière dont
il tomba entre mes mains, je me souviens admirablement
de l'usage que j'en fis aussitôt.
 Il m'inspira le goût le plus vif pour le dessin, tout en
me donnant le moyen de m'y livrer, et me voilà barbouil-