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miOG^APHIE. VICTORIA LAFONTAINE. Il y a deux ans, Angelo de Saur publiait à Paris, et tous les jour- naux de Lyon répétaient après lui, un charmant conte .bleu sur les premières années et les débuts de Mme Victoria Lafontaine, Féminente sociétaire de la Comédie-Française que nous avons applaudie ces jours-ci. Charmant le conte, mais conte, quand l'histoire toute simple était si jolie. Conte sans couleur locale, conte qui prouvait que l'auteur n'avait jamais vu Lyon et que tous les détails étaient le produit de son imagination. La mise en scène était l'œuvre d'un faiseur. Il s'a- gissait d'une pauvre jeune fille habitant la Guillotière et qui travaillait dans une manufacture du faubourg. Elle y faisait des mitaines et ga- gnait quarante centimes par jour. Son père, humble ouvrier, n'avait qu'un désir, posséder un jour une petite maison ayant des volets verts, et un petit jardin qu'il culti- verait de ses mains ; c'était un rêve, car il n'avait nul espoir de voir se réaliser de si hautes ambitions. Tous les jours, la jeune fille , qui habitait la Guillotière et qui tra- vaillait dans le faubourg, recevait de son père dix centimes pour passer le pont Saint-Vincent !! ! ! Qu'allait-elle faire sur le quai Saint-Vincent, à l'autre bout de la* ville, quand la manufacture où elle travaillait se trouvait à la Guillo- tière ? M- Angelo de Saur ne le dit pas. Dépenser dix centimes pour aller se promener à l'extrémité de la ville quand on ne gagne que quarante centimes par jour, c'est une conduite que je n'approuve pas. Mais la jeune fille n'est pas aussi coupable qu'elle en a l'air. Pendant six mois elle économise les deux sous en faisant le grand tour, et un beau soir la voilà qui apporte à son père sa petite bourse bien garnie pour qu'il s'en achète une maison de campagne ! D'abord la jeune fille a tort d'aller prendre le pont Saint-Vincent, car, en venant de la Guillotière, elle a, droit devant elle, deux ponts non payants, le pont Tilsit et le Pont-de-Pierre. Ensuite elle a tort de