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POÉSIE. 1G3 Si tu veux que tes mains par leurs mains soient pressées, Si tu veux que sur tes genoux La petite Héléna, plus belle que les anges, Aille elle-même déposer Un pain exquis et blanc, des figues, des oranges, Et te donne encore un baiser, Bon vieillard, chante-nous, au son de la guitare, Un air amoureux ou guerrier. Quand le cœur est ému, la main n'est pas avare, Nous t'offrirons myrte et laurier ! — Myrte et laurier ! c'est trop : j'accepterai les figues, Les oranges et le pain blanc; Gardez le reste à ceux qui se montrent prodigues De leur tendresse ou de leur sang. Que me demandez-vous ? Ah ! l'amour et la guerre Ne sont pour moi qu'un souvenir 1 Un chanteur de mon âge, eût-il la voix d'Homère, Ne doit songer qu'à l'avenir ! A l'amant un sourire ! au brave la victoire ! Au mendiant votre bonté ! — Vieillard, le ciel à tous ! mais à toi seul la gloire, A toi seul l'immortalité. Ludovic de VAUZELLES.