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               L'ORIENT I)'EUROPE AU FUSAIN.           139

   Stop,qui a fait le portrait du révérend Baconia, lui de-
 mande d'écrire lui-même son nom au bas de l'image. Le
digne homme hésite,balbutie, paraît avoir des scrupules.
Nous insistons. Notre cocher, qui est dans un coin, nous
fait comprendre par une pantomime assez gaie, que le sa-
vant père ne sait pas écrire.
   Une question délicate se présente : que faut-il donner
à notre garde d'honneur ? Nous craignons d'humilier ces
braves en leur offrant de l'argent. Pourtant, à bout
d'imagination, nous risquons un pourboire qui est accepté
sans aucune difficulté.
   On nous demande d'emmener à Athènes un jeune moine
qui s'arrache pour quelques heures à sa vie retirée à
cause d'affaires importantes. Il s'approche tout pimpant,
bien peigné, parfumé, vêtu de neuf, tenant d'une main un
fort beau bouquet et de l'autre un petit sac de nuit. Pen-
dant que nous faisons des cérémonies pour le faire as-
seoir au fond de la voiture, le cocher nous fait com-
prendre que ces gens-là montent sur le siège. En effet, le
révérend grimpe lestement sur le marchepied et s'installe
à côté de notre conducteur.
   La voiture le laisse devant une petite villa fort co-
quette, à l'entrée d'Athènes, et il nous quitte sans dire
merci ni bonsoir. Allons, amusez-vous bien, mon Père.
   Nous passons la soirée dans le jardin du roi. Ce lieu
de promenade est bien tenu, assez bien dessiné quoiqu'il
y ait peu de vues perspectives. Les plantes de l'Orient et
de l'Occident s'y coudoient "et s'enchevêtrent ; il y a des
fleurs partout et sur les grands acacias, sur les cyprès
sombres, les roses rouges et blanches s'accrochent, mon-
tent, s'élancent et retombent en cascades parfumées.
                                   Emile   GUIMET.