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L'ORIENT D'EUROPE AU FUSAIN. 131 sophes, elle a sensiblement épuré les mœurs à la surface et elle a dispensé les nouveaux venus de chercher mieux. Il y a eu aujourd'hui une séance curieuse dans l'an- tique théâtre qu'Hérode Atticus, riche particulier, fit construire sur le flanc de l'Acropole. Les élèves de l'Université représentaient l'Ajax de Sophocle avec tous les accessoires et jeux de scène qui étaient en usage du temps de l'acteur. Cette reproduction saisissante m'a fait une impression indicible. Les jeunes gens jouaient avec une élévation de sentiment, une vérité d'expression qui transportait l'au- ditoire. Et puis, cette langue grecque est si belle, si so- nore, que nous-mêmes, qui ne la comprenions pas, nous étions tout émus. Les vers lancés avec âme par les acteurs semblaient réveiller les échos qui dormaient dans les vieilles pierres depuis des siècles ; l'enceinte dégradée se ranimait sous le souffle de l'art, c'était une véritable résurrection ! Bravo, jeunes gens! Vous faites là une belle action. Honorez vos anciens maîtres, ce sera du vrai pratrio- tisme, surtout lorsque vous interpréterez vos vieux poètes avec un talent pareil. Ajax était fort beau, sombre, sauvage, dramatique et naturel. Le rôle de la jeune captive était rempli par un bel adolescent à la voix de tragédienne. Quelle noble fille que ce gamin de seize ans ! Renseignements pris, ce gamin de seize ans se trouve être une actrice. Ah ça, est-ce qu'à l'université d'Athènes on a des professeurs de déclamation de cet âge et de ce sexe ? Voilà un enseignement secondaire des garçons qui me paraît présenter quelque agrément. Dans cette représentation, il y avait bien, pour tout