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124 L'ORIENT D'EUROPE AU FUSAIN. Cela paraît très-noir derrière cette porte ; est-ce que notre importunité à l'égard de l'otficier aurait été prise en mauvaise part? est-ce que par hasard on nous mène- rait en prison? Nous hésitons à nous introduire dans ces sombres cachots. Pourtant la curiosité l'emporte et nous nous trouvons.dans une petite mosquée sarrazine encom- brée de reproductions en plâtre. C'est une étrenne qu'il nous faut donner à notre pseudo-geôlier pour nous avoir montré, par ordre supérieur, des copies insignifiantes. Lorsque les chaleurs de midi sont passées, il y a ici une charmante promenade à faire. Suivre le boulevard bordé d'élégants poivriers qui longe le jardin du roi et arriver au temple de Jupiter sur les bords de l'Ilissus. On s'installe à l'ombre des énormes colonnes qui paraissent s'élancer à perte de vue jusqu'au fond du ciel et l'on se fait servir une tasse de café turc arrosé d'un verre d'eau fraîche, puisée à la fontaine sacrée de Callirhoë. La vue se repose sur des champs, sur des moulins à vent dont les ailes réunies par les extrémités forment une sorte d'ombrelle fendue entre les baleines ; puis le regard s'étend sur les collines de Musée et sur Tes côtes du golfe. A droite, au premier plan, se présente l'arc d'Adrien, et, au-dessus, l'Acropole sombre et dentelé. Pendant que nous admirons, des soldats viennent faire l'exercice sur la plate-forme du temple. Il est assez curieux de voir les descendants des guerriers de Marathon crier : Portez armes! » et manœuvrer sur l'air de la Casquette que les clairons soufflent à pleins poumons. Beaux militaires, du reste, les Grecs ont pour idéal le troupier français ; ils ont remplacé l'élégant costume du palicare par le képi et la veste collée aux reins, les éclatantes guêtres brodées par le prosaïque pantalon, et ils croient progresser. La fraîcheur venue, nous.allons au temple de Thésée,