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110               CINQ-MAliS ET DE TÃÃOU.

« suis, il faut de la résolution ; je n'en ay point, mais
« Dieu m'en donne et me fortifie puissamment. »
   « Puis (il) mit les mains dans ses pochettes pour cher-
cher son mouchoir afin de se bander, et l'ayant tiré à
moitié, il le resserra si vile qu'on ne le vit point, sinon
ceux, qui estoient près de luy, sur l'échafaud. Et pria de
fort bonne grâce ceux qui estoient en bas de luy jeter
un mouchoir. Aussisoston luy en J3la deux ou trois ; il
en prit un et fit grande civilité à ceux qui luy en avoient
jeté, les remerciant avec affection et promettant de prier
Dieu pour eux au Ciel, n'estant pas en son pouvoir de
leur rendre ce service en ce monde.
    «L'exécuteur vint pour le bander de ce mouchoir;
mais comme il le faisoit fort mal, mettant les coins du
mouchoir en bas, qui couvroient sa bouche^ i! le re-
troussa et s'accommoda mieux. Après, il mit son col sur
le poteau qu'un Frère Jésuite avoit torché de son mou-
choir, parce qu'il esloit tout mouillé de saug, et de-
manda à ce Frère s'il esioitbien ; qui luy dit qu'il falloit
qu'il advançat mieux sa teste sur le devant, ce qu'il fit ;
en même temps, l'exécuteur s'apercevant que les cordons
de sa chemise n'estoient point déliés, et qu'ils luy te-
noient le col serré, luy porta la main au col pour les
 dénouer; ce qu'ayantsenty.il demanda : — « Qu'y a-t-
 « il? Faut-il encore oster la chemise?»—Et se disposoit
 desjà à l'oster. On luy dit que non, qu'il falloit seule-
 ment dénouer les cordons; ce qu'ayant fait, il tira sa che-
 mise pour descouvrir son col et ses espaules. Et ayant
 mis sa teste sur le poteau, il prononça ces dernières pa-
 roles,qui furent : —«Maria mater gratiœ,mater miseri-
 cordiœ,tu nos ab hoste protège,» etc. ; puis : — « In ma-