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                   CINQ-MARS ET DE THOU-                     99

« ayant esté averty qui c'estoit un homme envoyé de la
« part de madame sa sœur, il luy dit : — « Mon amy,
« je te demande pardon, il y a si longtemps que je ne
« t'avois veu que je méconnoissois. Dis à ma sœur que
« je la prie do continuer ses dévotions comme elle a
« fait jusques à présent ; que je connois maintenant
« mieux que jamais que ce monde n'est que mensonge
« et vanité, et que je meurs très-content et en bon
« chrétien ; qu'elle prie Dieu pour moy et qu'elle ne se
« plaigne point. » — Cet homme se retira sans pouvoir
« dire un mot. »

    « Jusques icy sont les paroles du Père Mambrun (ou
Manbrun), confesseur de M. de Thou. Son compa-
gnon (1) remarqua que comme il se promenoit dans la
salle de l'audience il dit : — « Eh bien ! on dira que je
 « suis un poltron et un étourdy ; que je n'ay point eu de
 « conduite ; que je n'ay pas sçeu ménager mes affaires,
« et c'est ce queje désire. Je veux bien qu'on ait cette
 « opinion de moy ; qu'on me méprise ; qu'on me
 « blasme ; je le souhaite pour l'amour de Dieu. »
    « Après sa confession, il fut visité par le P. Jean
Terrasse, gardien du couvent de l'Observance de Saint-
François, de Tarascon, qui l'avoit assisté et consolé
durant sa prison de Tarascon. Il fut bien aise de le voir;
il se promena avec luy et son confesseur, quelque temps,
dans un entretien spirituel. Ce Père estoit venu à l'occa-
sion d'un vœu que M. de Thou avoit fait à Tarascon

  (1) Les deux confesseurs étaient accompagnés chacun d'un Frère
Jésuite.