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                   CINQ-MARS ET DE THOU.                    61

offensé Dieu ; il pria son confesseur de tesmoigner au
Roy et à Mgr le Cardinal les regrets qu'il avoit desa faute,
et comme il leur en demandoit très humblement pardon,
    « Sa confession dura environ une heure, à la fin de
laquelle il dit au Père qu'il n'avoit rien pris il y avoit
vingt-quatre heures, ce qui obligea le Père de faire ap-
porter des œufs frais et du vin; mais il ne voulut pren-
dre qu'un morceau de pain et un peu de vin trempé
d'eau, du quel il ne se fit que laver la bouche. 11 témoi-
gna à ce Père que rien ne l'avoit tant étonné que de se
voir abandonné de tous ses amis, ce qu'il n'auroit jamais
crû, et luy dit que depuis qu'il avoit eu l'honneur des
bonnes grâces du Roy il avoit toujours tasché de faire
 des amis, et qu'il s'esloit persuadé d'y avoir réussi; mais
 qu'il connoissoit enfin qu'il ne s'y falloit point fier, elque
 toutes les amitiés de Cour n'estoient que dissimulation.
 Le Père luy répondit que telle avoit toujours esté l'hu-
 meur du monde; qu'il ne s'en falloit point estonner. Et
 ensuite il lui cita ce vieux distique d'Ovide :
     « Donec eris felix, multos numerabis amicos ;
     « Temporasi fuerint nubila solus eris.

    « Il se le fit répéter deux ou trois fois, tant il le trou-
 va à son gré, et, l'ayant appris par cœur, le répéta
 quelque fois.
    « Il demanda du papier et de l'encre pour escrire,
 comme il fit, à Madame la maréchale, sa mère, qu'il
 prioit, entre autres cboses, de vouloir payer quelques
 siennes dettes dont il lui envoya les mémoires, qu'il re-
 mit au Père pour faire voir le tout à Monsieur le chan-
 celier. Le principal sujet de ces lettres fut la prière