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184                   DU CULTE DE SAINT JEAN.

appel à tous les arts. Ainsi, Mathias Preti, l'élève du Guerchin,
fut chargé de peindre dans l'église de Saint-Jean-de-Malte toute
la vie du Précurseur, et Michel-Ange de Caravage retraça la
décollation dans un tableau à la fois effrayant et sublime, des-
tiné à orner la chapelle où la main était déposée. Dans l'oratoire
des grands maîtres, on voyait une statue d'argent qui représen-
tait le Précurseur portant l'agneau. A la poupe du vaisseau
amiral apparaissait, une statue de bois d'une sculpture exquise:
c'était encore saint Jean, tenant de la main droite une lance et
de la main gauche un livre. Vers le milieu du XVII e siècle,
Paciaudi vit à Malte ce vénérable palladium de la marine de
l'ordre. Conservé depuis longtemps déjà comme relique dans le
trésor des chevaliers, il portait les traces des nombreux assauts
que les vents et les vagues lui avaient livrés; dans la main
droite, le livre était encore entier, mais la gauche ne portait plus
 qu'un tronçon de la lance guerrière.
   On sait qu'au moyen-âge, chacune des principales maladies
qui affligeaient l'humanité se désignait par le nom du saint au-
quel on attribuait plus spécialement le pouvoir de laguérir. Ainsi,
par exemple, l'hydropisie s'appelait maladie de saint Eutrope,
la lèpre, maladie de saint Lazare. Saint Jean avait aussi donné
son nom à une des maladies les plus terribles, l'épilepsie.
 Quelle en fut la raison? Il serait assez difficile de la déterminer.
M. Breuil la trouve dans une tradition populaire suivant la-
quelle la femme d'Hérode était devenue épileptique en punition
de la part qu'elle avait prise à la mort de saint Jean-Baptiste et
au moment même où le chef sanglant du Précurseur lui avait
été présenté. De ce miracle serait dérivée la croyance que l'on
devait recourir à saint Jean pour la guérison de la maladie.
Quoi qu'il en soit de l'origine de cette croyance, toujours est-il
certain, d'après le témoignage d'un cartulaire royal cité par Du
Cange, que l'épilepsie portait le nom de mal Saint-Jean vers la
fin du XIV e siècle.
   Nous venons de voir la vénération profonde dont saint Jean
fut l'objet chez les nations chrétiennes ; nous allons retrouver
son culte, par un privilège qui lui est particulier , non moins