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3S8 ORIGINES DE LUGDUNUM. festa l'intention de rendre aux Gaulois leurs institutions natio- nales. La diète annuelle des races cymriques fut étendue à toutes les nations de la Gaule (1), et, pour ôter tout prétexte à la dé- fiance, un prince à la fleur de l'âge et qu'aucun antécédent fâ- cheux ne rendait impopulaire, Drusus, reçut la mission de diri- ger la nouvelle, assemblée. La diète eut d'abord à s'occuper des questions à l'ordre du jour : l'invasion des Germains de la famille franque ; l'achèvement de l'épineuse opération du cens ; l'orga- nisation projetée de la Gaule. Il semble que, sur tous ces points, Drusus sut se concilier la bienveillance de la majorité, car, ainsi que je le remarquais tout à l'heure, l'agitation qui troublait le pays s'apaisa comme par enchantement (2), résultat prévu sans aucun doute. Instruit de son rôle, le délégué de l'empereur, sous prétexte de mettre le sceau à la réconciliation, saisit ce moment pour proposer à la réunion d'associer les divinités de Rome et d'Auguste aux divinités fédérales adorées dans le német du Condate. On culte commun et parallèle, voilà tout ce qu'il eut l'ordre de demander. Exiger davantage, c'eût été rouvrir à la désaffec- tion cette porte que la prudence venait de fermer. Auguste con- naissait trop bien la disposilion des esprits, pour aller, dans ses instructions, jusqu'à ces témérités : il avait pu voir, durant ses longs séjours à Lugdunum, de quelle superstition redoutable la multitude entourait le grand sanctuaire du delta lugudunate, et son père adoptif lui avait appris que, de toutes les races d'hom- mes, la plus attachée à ses croyances était la nation gauloise (3). En s'offrant sous l'apparence d'une transaction entre les maîtres et les vaincus, entre le passé etl'avenir, la proposition avait chance de réussir. L'organisation sociale qui prévalait dans les régions celtiques, à l'ouverture de l'assemblée, n'admettait à la représen- tation qu'une seule classe d'hommes : les possesseurs du sol, chefs de clans et de cités. Aussi, la convocation ordonnée par Drusus (1) nà vTwv xojvvj TÔV Toà a.râv (Strab.. lib. îv). (2) V. ci-dessus note (5). (3) « Natio est omnium Gallorum admodumdeditareligionibus. » (Cœs., De bell. gall., vi, 16). — « Génies superstitiosse. » (Mêla, lib, ni, cap. 2).