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356 ORIGINES DE LUGDUNUM. même, mais ayant, en des conjonctures difficiles, le tort d'éle- ver d'un chiffre considérable les contributions modérées assises par J. César (1) ; ensuite la rapacité des fonctionnaires latins. La Gaule-Chevelue, surtout, souffrait de leurs exactions. Lugdunurn, le plus important emporiumdel'occident après Narbonnc (2), était comme un Pactole pour l'administration impériale. Son antique atelier monétaire, dont les préposés de Rome mettaient à profit l'exploitation, ne s'alimentait que des métaux précieux soustraits à l'industrieuse activité des peuples (3). Le nom du plus fameux de ces exacteurs a traversé les siè- cles : Licinius Encéladus (4). Cet homme, devenu d'affranchi de J. César le familier et l'agent secret d'Auguste (5), exerçait, en qualité de procurateur, un pouvoir absolu sur les rives de la Saône et du Rhône. Son autorité n'avait d'égale que celle d'un roi (G). Tout tremblait devant ce proconsul. Une partie des som- mes immenses qu'il prélevait illégalement, envoyée à Rome, ser- vait à solder les frais de reconstruction de la ville aux sept colli- nes (7) : Auguste refaisait alors de marbre sa capitale qui n'était que de brique avant son règne ; le reste, demeuré aux mains du proconsul, contribuait à élever l'édifice scandaleux de sa fortune particulière (8). Des plaintes éclatèrent de toutes parts. L'écho dut en arriver aux oreilles du prince ; il parut ne pas les enten- (1) V. plus haut note (4). — Census à tribus Galliis quas pater vicerat actus (Tit.-Liv., Epit. cxxxiv)— Kal vûy JstfoùWraî pev r e d a t i a , «te. (Panigyr. de J. CcsarparM. Antoine dans DionOassius, lib. xuv, cap. 42.) (2) Post Narbonem, hœc urbs maxima omnium Galliarum bominum fre- qucnlia pollet (Slrab., Géograph., lib. îv). (3) Prsefccti enim Roœanorum eo uluntur emporio, monetam que ibi tam auream quam argenteam cudunt (id., ibid.). (4) Dion. Cass., 1. uv, c. 2 1 . (5) Sueton. in August. (6) Lugduni... multos annos regnavit (Senec., Lud., p. 918). (7) Macrob., Saturnal., 11, 4. (8) Ses possessions s'étendaient de la Saône à Tarare, et le Mont-d'Or, nommé quelque temps mont de Licinius, lui appartint en grande partie (M. Monfalcon, Hist. de Lyon, 1,14).