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SAINT MAURICE ET LA LÉGION THÉBÉENNE. 321 se mouvait le drame que l'on veut retracer. L'auteur s'est efforcé de se mettre dans ces conditions, en préludant à l'écrit qui précède par l'étude sérieuse*et complète des docu- ments relatifs au martyre de la légion Thébéenne. Ce sombre épisode des persécutions de la primitive Église en est sans contredit un des plus saisissants et des plus dramatiques. Histoire ou légende, il y a la une source d'é- motions et de puissant intérêt. J'ai dit: histoire ou légende. La critique historique se divise en deux camps a cet égard. Plusieurs écrivains ecclésias- tiques protestants ont prétendu apocryphe la tradition de ce sanglant événement; on cite parmi eux: Du Bourdieu, Hottinger, Moyle, Burnet, Spreng, et enfin le savant Mos- heim, qui s'est constitué le rapporteur impartial et conscien- cieux du procès en litige , et qui termine sa remarquable dissertation par ces mots : Adhuc sub judice lis est. Résumons brièvement les arguments de ces écrivains. Ils nous disent : Les actes du martyre de la légion Thébéenne donnés par saint Eucher, ne sont pas authentiques; ils ont été com- posés par un moine illettré du VIIe siècle. Eusèbe, le père de l'histoire ecclésiastique, passe ce grand fait sous si- lence. Il en est de même de Sulpice-Sévère, qui écrivait au Ye siècle l'histoire ecclésiastique en Gaule'. Paulus Oro- sius l'ignore, lui qui a fait des commentaires sur l'expédition de Maximien dans les Gaules. Laclance n'en dit rien dans son beau livre De mortibus perseculorum, où il relate cepen- dant tant d'exemples de la cruauté de Maximien. Prudence se tait aussi, lui, le célèbre poète qui a chanté les louanges des martyrs de son temps, et comme lui se taisent tous les écri- vains du quatrième siècle qui nous sont parvenus. La critique ajoute : Comment se fait-il qu'une légion de l'Empire Romain fût à cette époque tout3 composée de oliré- M