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SAINT MAURICE ET LA LÉGION THÉBÉENNE. 319 partage celles de l'illustre saint Maurice. La phalange Thé- béenne sera vénérée dans la chrétienté jusqu'à la consom- mation des siècles. Or, pendant que les chrétiens helvètes vaquaient ainsi b ' ces pieux et dangereux devoirs, il y avait, sur les lieux mê- mes, du massacre, une orgie colossale des soldats qui y avaient participé. Pour leur payer le salaire du sang versé, comme aussi pour noyer leurs remords, le divin Maximien Hercule faisait couler parmi eux des fleuves de vin et d'hy- dromel, et les rassasiait de toutes les victuailles qu'on avait pu rassembler de Sedunum au Léman. Le pillage du camp ïhébéen leur fut donné comme un butin, et tout ce que possédaient de précieux ces enfants de la haute Egypte de- vint la proie de leurs bourreaux. Un tel délire de vin et de sang les saisit au point qu'ils égorgèrent avec furie un brave vétéran retiré chez les Véragres et appelé Victor, uniquement parce que cet honnête homme, qui était chrétien, témoignait son horreur de ce qui s'était passé. Ce vétéran a mérité aussi l'honneur de partager le sort des Thébéens, et figure au martyrologe dans leur glorieuse compagnie. Le lendemain il fut procédé, dans les plaines d'Octodurum, aux cérémonies solennelles suspendues jusqu'alors. Hélas ! il y manquait toujours une légion ! Cela n'empêcha pas de brûler beaucoup d'encens pour les dieux, mais le front de Maximien resta sombre, et les soldats semblaient frappés de stupeur. Deux jours plus tard, les campements se levaient, et l'armée entière, moins une légion, reprenait la route des Gaules: elle était suffisamment reposée. Au bout de deux mois, les derniers Bagaudes étaient taillés en pièces sur les bords de la Marne, non loin deLulèce (1), (1) A Saint-Maur-dcs-Fossés.