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SAINT MAURICE RT LA LÉGION ÏHKBÉKNNE. 203 tomne étaient depuis longtemps descendues des monts dans la plaine, quand la dernière eût franchi le pont. L'armée distribua alors ses campements dans la verte vallée qui s'étend entre Octodurum et Sedunum. (1) La lé- gion thébéenne qui formait l'avant-garde vint établir le sien au delà d'Octodurum,sur la route d'Agaune ou Tamade,(cas- irum Tauredunense) en face d'une gigantesque et majes- tueuse chute d'eau dont le murmure sonore berçait le som- meil des guerriers (2). Plusieurs d'entre eux, nés vers les cataractes du Nil, retrouvaient dans ce bruit l'écho familier des jeunes années, et se croyaient transportés aux bords éthiopiens. Pendant que les légions romaines goûtent sous la tente le repos nocturne acheté par lés fatigues d'une marche forcée à travers les plus âpres défilés des Alpes, jetons un coup d'œil sur les graves événements qui motivaient le passage en Helvétie de l'empereur Maximien Hercule et de l'armée de quatre vingt mille hommes qu'il traînait à sa suite. Naguère encore Marcus Aurelius Valerius Maximianus, n'était qu'un des lieutenants de l'Empereur Dioclétien, qui depuis peu l'a associé à l'Empire ; tous deux guerroyaient en Orient contre les Perses, les Arabes et les Parthes, quand une douloureuse nouvelle vint troubler leurs triomphes asia- tiques. La Gaule, leur plus riche provincej la plus belle as- sise du colossal édifice romain était livrée à une effroyable insurrection, telle que la pareille ne s'était vue depuis l'im- mortel désastre d'Alesia et la chute de Yindex. Tous ceux qui sur la terre sacrée des Druides gardaient au fond du cœur les vieux ferments de la haine contre Rome, (1) Aujourd'hui Sion, capitale du Valais, (2) La chute de la Salanse, dite cascade de Pissevache, à une 1/2 lieuo de Martigny.