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SAINT MAURICE ET LA. LÉGION THÉBÉENNE. 199 gnes, avaient pour vêtement la saye de laine brune, ample de taille, courte de manches, a la bordure écarlate ou bleue, serrée autour des reins par la large ceinture de peau de buffle ; leurs jambes mosculeases s'emprisonnaient dans les braies, que des cordons de poil de chèvre ou de crin ratta- chaient à la sandale poudreuse. Les femmes s'avançaient drapées dans la tunique de laine bariolée de rayures aux vives couleurs, et portant sur la tête le voile de lin qui flot- tait jusqu'aux épaules. Chez tous respiraient îa force et la santé. Dans l'intérieur de la ville vont et viennent les habitants livrés à des soins divers ; on voit autour des fontaines s'em- presser les jeunes filles qui puisent une eau limpide comme le diamant; au forum, dans le quartier romain, bourdonne la foule des promeneurs; les pullali (1) sont mêlés aux togali. Les thermes retentissent des propos des baigneurs et du cliquetis des billes d'ivoire qu'ils font rouler en jouant sur les dalles de marbre ; au cirque, les belluaires et les gladiateurs lancent, en s'exerçant, le disque et le javelot. Dans le quartier gaulois, aux maisons couvertes de chau- me , résonnent confusément les mille bruits des industries rurales et citadines; vers les fours et les remparts escar- pés de la ville, circulent en tous sens les soldats préposés à leur garde ; ils devisent en faisant la corvée, et fredonnent des chansons étrusques et latines. Tout-a-coup, grande rumeur sur la place du Forum ; des groupes agités se forment ; paysans et citadins se croisent en échangeant des interprétations bruyantes. (1) On appelait à Rome Pullali ceux qui portaient le manteau gaulois de couleur sombre, à capuchon, tout à fait semblable pour la forme au bur- nous arabe. L'Italie l'emprunta peu à p?u à la Gaule, mais avec répu- gnance (voir Suétone). Des spécimens de ce vêtement existent sur les fresques de Pompeï.