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HOMÈRE. •133 Clovis ; sanguinaires comme les enfants d'Odin. Comme eux ils pillent et ravagent sans pitié, emportant l'or et les belles captives, massacrant les enfants et les vieillards; comme eux ils immolent les prisonniers sur le bûcher ou le tombeau de leurs amis; comme eux ils offrent à leurs dieux des victimes humaines. Tliemistocle le fera encore au temps des guerres mediques. C'est la part de la barbarie; c'est par où ce peuple ressemble a ceux que Tacite a décrits. Mais il n'est pas là tout entier; ce n'est qu'une face de son caractère, et une face qui va pâlir et disparaître peu à peu tandis que l'autre deviendra plus lumineuse. Achille chante sur sa lyre les exploits des héros, voilà la poésie et les arts. Nestor et Ulysse haranguent l'assemblée avec des paroles plus douces que le miel, voilà l'éloquence. Agamem- non reconnaît noblement ses torts envers Achille, et Achille lui-même, quand il voit Priam prosterné à ses pieds, Achille lui tend la main, le relève, l'appelle « cher vieillard, » le fait asseoir à sa table, ei pleure avec lui. Qu'est-ce que cela sinon de la magnanimité, de la vertu? Et la poésie, l'éloquence, la vertu, ne sont-ce point les plus grandes gloires de la Grèce? Si elle est si haut placée dans l'admiration de l'humanité, n'est-ce pas pour avoir donné au monde un Homère, un Démosthène et un Socrate? Ainsi, en étudiant dans les poëmes .homériques le tableau des mœurs de la Grèce, il' faut y distinguer d'un côté les ressemblances qui montrent sa parenté avec les autres branches de la même famille, notamment avec nos ancêtres celtes et germains; de l'autre côté, il convient de mettre en lumière les traits caractéristiques qui en font réellement une race à part, et qui expliquent sa grandeur. Mais d'autres points non moins dignes.d'intérêt appellent l'attention. Ce qu'il y a de plus important dans la vie d'un peuple c'est sa re- ligion ; ce qui détermine le plus exactement à quel degré de