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ARAR. 77 commençaient à dessiner les arrêtes solides des continents. Sur les versants de cette croûte terrestre les eaux fluviales creusaient déjà leur lit, et la Saône qui doit en partie son existence à la commotion géologique qui a formé les Céven- nes, les montagnes du Lyonnais et de la Côle-d'Or, allait se perdre dans une mer immense qui arrivait près de Lyon et qui baignait les flancs du Pilât. À cette époque géologique la Suisse, la Savoie, le Piémont, la Provence et le Dauphiné étaient sous les eaux et certe, le Rhône n'était pas même à l'état embryonaire. Après des séries de siècles dont Dieu seul a le chiffre, la demeure future de l'homme devenait de plus en plus habi- table, les jours de Moïse se complétaient. Un grand travail des forces incommensurables de l'intérieur du globe projette soudain, à des milliers de mètres de hauteur, des pyramides de granit et forme cette imposante chaîne des Alpes occi- dentales, chaîne qui va de Nice à Genève. La mer qui s'ap- pellera plus tard Méditerranée change de niveau ; elle aban- donne le versant occidental de la nouvelle chaîne, d'où dé- coulent l'Isère et la Durance qui vont se jeter au fond d'une vallée, encaissée par les Cévennes et les Alpes nouvelles, et où coule la Saône qui descend avec la mer et voit son em- bouchure se former là où la mer expire, ou pour mieux dire là où elle s'est arrêtée dans son mouvement de recul au sud. À celte époque encore, la Suisse, le Valais, le Piémont en partie, étaient sous les eaux et le Rhône n'existait pas. Enfin une autre commotion des plus terribles, l'une des dernières, donna naissance à la chaîne des Alpes principa- les, chaîne qui va de Genève en Autriche, alors le Valais sort des eaux, le mont Furca et le Saint-Gothard dressent leurs cimes bientôt blanchies de neige et le Rhône reçoit le jour. Donc la Saône, comme cours d'eau, s'est toujours jetée dans la mer; le Rhône n'est qu'un de ses affluents qui lui a