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LA BELLE REGAILLETTE. 71 — Un tonneau ! la folle idée, disait celui-ci. — Un tonneau! un barquious ! disait celui-là . — Troun de barquious! reprenaient les autres en riant aux éclats... le cousin, il a perdu la tête. L'idée en effet était bizarre ; mais le fait est réel. La chro- nique marseillaise le rapporte, et la tradition en a conservé le souvenir dans toute la Provence. Aujourd'hui encore,quand un Marseillais passe devant un tonneau: « Voilà la chambre delà belleRegailletle, s'écrie-t-il. Il faut croire que l'on trouva le moyen de rendre cette ca- chette sûre et praticable, puisque le conseil de famille l'a- dopta. V. ._, Cependant les promenades nocturnes de la rue des Isnards, les sérénades avec accompagnements de fleurs et de messa- ges galants, continuaient toujours et faisaient jaser beaucoup dans la ville. A cette nouvelle les grandes dames et les bourgeoises — même celles qui étaient les moins en péril de beauté et de charmes — se persuadaient que leur vertu aristocratique n'était pas moins exposée que celle d'une petite fille du peu- ple. Bon nombre de ces prudentes dames se disaient qu'avec le doux parler de la langue d'Oc, elles pourraient bien être une autre Marie Mancini, mises malgré elles en possession du cœur du jeune monarque. Qu'arriva-t-il ? Il arriva que chacune de ces belles et grandes dames s'em- pressa d'imiter les sages précautions prises pour Regail- lelte. En sorte que si les brillants cavaliers de la suite de