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LA BELLE REGAILLETTE. 69 ferait bien l'affaire d'un vidame de ma connaissance, dont la femme cherche des protecteurs à la cour. — Ce n'est pas affaire de rire, fil le troisième compère. Si les boucs, ils ont des cornes, cela ne nous regarde point, troun de l'air !,.. Le cousin nous a demandé un avisse et voici le mien, à moi : Ces petits messieurs les zentilshommes, ils se croient à Paris avec nos filles et nos femmes, et moi ze leur dirai ce que c'est que les femmes de Marseille et les hommes de Mar- seille, troun de l'air !... Et en même temps, notre troisième compère avait frappé la table des délibérations, d'un si furieux coup de poing, qu'elle trébucha sur ses pieds et qu'il en ébranla toutes les vitres de la maison. — De la douceur ! reprit le premier compère, de la dou- ceur, s'il vous plaît. Parlons tranquillement .et poliment.... — Il dit vrai, l'otre ; parlons doucement et poliment. Et donc je raisonne ainsi : Voilà ma bastide de Maou, et que s'il venait, devant ma bastide de Maou, un galant rôder autour de ma fille ou de ma femme, je lui tirerais bien poliment mon chapeau et je lui tiendrais ce langage : « Mon beau seigneur , portez plus loin vos fleurettes, vos aiguillettes et vos pompons ; cela ne convient pas à mon caractère. Charbonnier, il est maître chez soi !... » Et je le reconduirais, mon chapeau à la main, poliment toujours... Et que s'il revenait, je l'empoignerais par ses chosses et je le jetterais à la mer... poliment, troun de l'air !! Et disant cela, l'honnête Marseillais brisa la table de deux coups de poing. Alors le premier compère reprit: — 11 m'est aviss que si nous continuons de la sorte, nous ferons plus de bruit que de besogne. Le cousin, il ne nous a