Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                          CHRONIQUE LOCALE.                           509
     Si on s'égorgille un peu à Paris, à propos de belles-lettres, nous
  avons failli en faire autant à Lyon, et pour le même sujet.
     Depuis longtemps l'orage grondait. La Bannière sanglante était là
  debout entre deux armées prêtes à en venir aux;mains. M. Raphaël-
  Félix, en refusant ce drame bourré de sang et de poison, avait creusé
  un abîme sous ses pas. Plus prudent et plus habile, M. Delestang
 s'était dit : « Mieux vaut que ce mélodrame tombe que moi, » et il en
 avait autorisé la représentation. Malheureusement ou heureusement
 peut-être, cela dépend du point du vue, la position de l'auteur a inspiré
  de la pitié et la tranquillité publique n'a pas été troublée. Aucune
 banquette des Célestins n'a été cassée ni à la première, ni à la seconde,
  ni aux deux représentations qui ont suivi, seulement cet essai ne fera
 pas faire un pas à la décentralisation.
    C'est le 1 er décembre que le grand événement a eu lieu. « La bon-
 bonnière des Célestins était comble, » pour me servir des propres
 expressions d'un amateur du beau mélodrame. Aux deux premiers
 actes, les amis de l'auteur ont paru triompher; au troisième, l'hési-
 tation s'est faite dans leurs rangs ; au quatrième, ils ont cédé ; au
 cinquième, à la scène de la grâce qu'on cherche et qu'on ne trouve pas,
 la déroute a commencé, elle était complète quand la toile s'est baissée ;
 seulement, l'ennemi n'a pas été poursuivi; tout le monde a compris
 qu'on ne devait pas écraser une armée sans chef, ni accabler un auteur
 assez malheureux d'ailleurs.
    Pendant que la Bannière sanglante succombait, la lutte entre la
grande presse et la petite continuait avec une vivacité qui n'engage
pas les personnes timides à descendre dans l'arène. On en est à cou-
teaux tirés. Plasieurs condamnations sévères ont d'ailleurs frappé ces
feuilles nées de Guignol. Depuis ïe mois dernier, l'Union des Bas bleus
et le Gnaffron sont morts ; la Lanterne magique brille tant bien que
mal; En avant les Gones est né, vit-il toujours? La Ruche lyonnaise.
que devient-elle? On annonce le Petit Journal de Lyon et le Triboulei.
Ave, César, morituri te salutant.
    — Dans de plus graves régions, plus de tenue etnon moins d'ardeur.
    Le jeudi 30 novembre avait lieu, au Palais Saint-Pierre, l'inaugu-
ration des nouvelles salles destinées à recevoir les Facultés des Sciences
et des Lettres, cérémonie qui donnait à la rentrée de nos Facultés
une solennité et un intérêt inaccoutumés. M. le Sénateur Chevreau,
préfet du Rhône,M. Réveil, sénateur,Mst deMarguerye, évèqued'Âutun,
plusieurs généraux de l'armée de Lyon, des notabilités, des dames
avaient honoré cette fête de leur présence. M delà Saussaye, recteur,
a ouvert la séance par un discours, vivement applaudi, sur l'ensei-
gnement public dans notre ville, et sa parole éloquente a demandé,
avec chaleur, que bientôt Lyon fût doté d'une Faculté de Médecine et
d'une Faculté de Droit. M. .lourdan, doyen de la Faculté des Sciences,
M. Dareste, doyen de la Faculté des Lettres, M. Heinrich, professeur,
chargé de prononcer le discours de rentrée, ont uni leurs vœux à
ceux de l'éminent recteur. Jamais plus opportune occasion ne s'était
rencontrée de manifester les besoins et les désirs de la cité. Espérons
que de si hautes paroles seront entendues et que Lyon verra compléter
son enseignement.
   — Depuis lors, la Faculté des lettres a repris ses cours. M. Ferraz
étudie les principales questions de la morale, M. Dareste expose, fie
mercredi, l'histoire de France sous Mazarin , et, le mardi, il étudie
les principaux historiens romains; M. Hignard traite, le jeudi,