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MUSIQUE DRAMATIQUE. 497 fait si une mort prématurée n'eût empêché le complet déve- loppement de son magnifique talent? — Comme Rossini, Donizetti a embrassé avec un égal succès les deux genres sérieux el bouffe (1). Après avoir atteint le sublime tragique dans Y Anna Bolena et la Lucia, il a répandu à pleines mains la verve et la gaîtè dans YElisir d'Jmore et \edonPasquale. Dans toutes les œuvres de Donizetti, on aperçoit des ten- dances et des aspirations vers la régénération de la musique. L'individualité des caractères si négligée par les serviies imi- tateurs de Rossini, est énergiquemenl tracée et conservée consciencieusement dans plusieurs de ses partitions. Dans l'Anna Bolena, en effet, qui n'a pas senti dans l'expression musicale d'Henri Vlil le langage sévère, lyrannique ei arti- ficieux tout ii la fois que lui prête l'histoire ? El quand l'ac- teur prononce ces paroles: « Salira d'Inghilterra sut trono « Altra donnapiù degna di affetto, qui n'a pas senti le cœur se serrer, qui n'a pas compris dans ce moment le cruel tyran, qui n'a pas pénétré du regard dans les artifices de cette cour ténébreuse qui a juré la mort A'Anna Bolena ? Et la pauvre femme est bien la victime ré- signée que dépeint l'histoire, son chant est le chant du cygne qui pressent sa fin prochaine, un chant de personne fatiguée empreint des souvenirs de l'enfance, des récils d'un premier amour el des désabusements de la grandeur humaine. On ne doit pas passer sous silence le quintello et le finale qui termine le premier acte. L'adagio du quintetto est surtout charmant, (1) Cependant, comme le fait observer M. Scudo, la partie comique de l'œuvre de Donizetti est beaucoup moins importante et surtout moins ori- ginale que ses opéras sérieux. L'imitation do Rossini est flagrante et se retrouve à chaque page. 32