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                  VOYAGE DE LYON A YENNE.                   477

    Les soldats n'avaient pas reçu de solde depuis un mois.
 Dès les premiers jours du siège, on avait dû réduire à deux
 onces la ration de pain et de vin ; de la viande, deux fois par
 semaine ; le reste du temps, des haricots à l'huile. Ajoutez
que les vétérans étaient presque tous Hollandais, et le déta-
chement du 32e composé de Piémontais , de Toscans et de
Romains qui espéraient retourner dans leur pays.
    Le capitaine était à la veille de se voir abandonné par ses
soldats, lorsque, dans la nuit du 19 au 20, il reçut une lettre
qui leva toutes les difficultés.
    Le comte de Bubna lui proposait d'évacuer avec les hon-
 neurs de la guerre, armes, bagages, munitions, sans que le
fort fût occupé ensuite par les alliés.
   S'obstiner à rester sur un rocher, qui cessait d'être un
poste stratégique, eût été de l'entêtement. De Garbé accepta
donc ces conditions, d'ailleurs si honorables, et le 23, il prit
avec sa petite troupe la route de Grenoble , non sans faire
ses adieux à Pierre-Châtel, par une salve d'artillerie.
   Leur marche excita un vif enthousiasme même parmi les
alliés. Après avoir versé à la Direction de Grenoble ses mu-
nitions et ses bouches à feu, le capitaine licencia ses hommes,
et leur remit des feuilles de route pour leurs pays respectifs.
   Le général Bubna voulut le voir et lui dit: Si tous les
Français s'étaient conduits comme vous, nous ne serions peut-
être pas en France.
   Ici se termine ce qu'il entrait dans notre plan d'offrir au
lecteur, au sujet de cet épisode militaire. Nous nous sommes
abstenu de tout commentaire, laissant à chacun le soin de
faire telles réflexions qu'il jugera convenable sur la conduite
digne et intrépide de M. de Garbé dans les diverses péripéties
du siège.
   Pour nous, avouons-le, nous ne savons qu'admirer le plus
ou de son amour pour le devoir, ou de la somme d'énergie