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444              JOURNAL DE PONSON BERNARD.

Messieurs avoient là-à me parler. Ce que je fis. Là où es-
tant, après avoir dîné avec lui et le commissaire Poculot,
le dit Poculot me dit qu'il avoit esté résolu que je sortisse
delà ville pour quelque peu de jours, à occasion que j'avois
trop d'amis dans la ville et beaucoup de créance envers le
peuple, qui m'aimoit ; craignant qu'il n'advint quelque
émeute dans la ville, que je sortisse et me retirasse cinq
lieues loin de la ville. Ce que, pour éviter plus grand
escandalle et pour obéir à Messieurs, je fis. Et, avec
grands* pleurs et gémissemens de toute ma famille, je
m'en allai, à l'hasard de ma vie, à Villefranche. Là es-
tant, je n'ai manqué d'envoyer lettres et requestes à
Messieurs pour estre rétabli et retourné en ma maison,
ce que je n'ai pu obtenir.
   « Ayant demeuré au dit Villefranche l'espace de
environ... (en blanc) mois (1), Messieurs me permirent de
pouvoir venir à ma grange, près des murs de Lyon. Là où
je demeurai jusques à la venue du Roi qui fut le 4 e sep-
tembre 1595, le lundi, qu'il fit son entrée dans la ville
avec grand triomphe. Là où estant, par la grâce de Dieu, il
fut si bénin et clément, qu'il voulut savoir le subjet de
l'exil de ceux que Messieurs avoient mis dehors, et, n'y
trouvant subjet, il nous permit l'entrée dans la ville, et
de tourner dans nos maisons, au grand regret de nos
ennemis. »
                                            F. ROLLE.

   (1) Ponson Bernard eut pour compagnons d'exil, à Villefranche ,
ses ex-collègues Louis de Berny et Claude Gellas. (Archives de
Villefranche. — Délib. du Conseil de ville, BB. 3.)      '