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428 POÉSIE. Auprès d'une jeunesse impie Qui de son âme exile Dieu, Et dans la débauche accroupie, Par un ennui précoce expie Sa vie en si triste milieu ? Dans une ville qu'électrise La controverse avec aigreur, Où ce qui doit unir divise, Où la politique éternise Des partis l'égale fureur ? Dans une semblable atmosphère Comment saisir les harpes d'or. Qui nous enlevant à la terre, Bien loin de l'humaine misère, Aux cieux dirigent notre essor ! Ah ! vers les voûtes éternelles L'aigle pourrait-il s'élancer, Alors que déployant ses ailes, Un lourd réseau tombant sur elles, Au rocher viendrait le fixer ? Trop loin d'un monde littéraire Qu'animent des chantres puissants, Pourquoi mon aride carrière S'écoula-t-elle toute entière Sans mêler aux leurs mes accents ? Pourquoi donc ma muse isolée N'aurait-elle point d'avenir, Et pourquoi prenant sa volée, Ne sera-t-elle pas allée Au but où j'eus pu parvenir? C'est que la noble perspective De voir mon front ceint de lauriers,