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408 CINQ JOURS A DRESDE. toutes ces qualités dont les initiales resplendissent en let- tres fulgurantes sur leurs poitrines. Ils aspirent à devenir parfaits et insensiblement ils y arrivent. On comprend que des gens qui prennent au sérieux un tel enseignement inspirent une confiance entière et l'on n'avait pas hésité à leur confier la surveillance delà grande fête des chanteurs. Ils en ont eu toute la responsabilité et en ont assuré le succès. On leur avait appris à commander avec politesse et à obéir avec confiance; on leur avait appris à ôtre dcvoués pour les faibles et à ne pas craindre les forts ; on. les avait dressés à toutes les manœuvres qui demandent de l'en- semble, de la précision et de la vigueur; ils savaient courir sans souffler et ils se portaient presque instantané- ment d'un point à un autre point de la grande ville. Il fallait les voir, vingt à la fois, se tenant par la main et tournant le dos à la foule, former en un clin d'ceil une bar- rière infranchissable: car, je vous le demande, qu'est-ce que la populace aurait osé faire contre ces enfants? et puis il ne fallait pas trop se fier à leur faiblesse apparente, réunis ils étaient forts, et lorsque les masses tentaient d'envahir la limite qu'ils avaient tracée, campés sur leurs talons ils se couchaient sur les curieux et les refoulaient bon gré mal gré; si une ligne de turners était insuffisante, une autre venait se placer en mettant les dos appuyés sur les bras réunis de la première ligne, et tous.ces petits, membres devenaient irrésistibles. En voyant tant de courage et d'abnégation on se prenait de pitié pour ces pauvres petits qui sacrifiaient tous leurs plaisirs à un service pénible et ingrat. — Laissez donc faire, la foule, leur disait-on, prenez votre part de la fête, quittez la cohue et allez entendre les concerts. — Nous faisons notre devoir, répondaient-ils. Ils n'avaient aucune de ces consignes bêtes dont on abuse dans ces sortes de fêtes et qui entravent plus qu'elles