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CINQ JOURS A DRESDE. 401
Au fond d'une des salles j'aperçus les petites casquettes
bleues des étudiants de Leipsig ; nombreuses et serrées
les unes contre les autres, elles formaient comme un lac
d'azur au milieu de la foule brune. L'Université de Leipsig,
une des premières d'Allemagne, est installée dans les bâti-
ments d'un ancien couvent consacré à saint Paul; aussi
elle a pris pour devise « Vivat Paulus! » et les étudiants
s'appellent Pauliners. Comme toutes les associations alle-
mandes, les Pauliners sont organisés en société de chant,
et c'est à ce titre qu'ils se trouvaient à Dresde ; ils ont
même un répertoire spécial composé par Mendelsohnn,
Kreutzer, Becker, Langer, etc., qu'ils ne doivent commu-
niquer à personne; on peut dire qu'ils ont le monopole de
l'exécution de certains chefs-d'œuvre. C'est Langer qui
les dirige maintenant.
Ils étaient beaux à voir avec leurs redingotes en velours
noir à brandebourgs, leurs culottes blanches rehaussées
par des bottes à l'écuyère, leur écharpe blanche et bleue
qui, portée enbandouillère, soutient leur épée à large poi-
gnée; je m'en approchai.
Comme on leur dit que j'étais Français, ils voulurent
être polis; ils furent charmants. Ils me donnèrent leur
décoration distinctive, ce qui était un grand honneur, et
m'embrassant sur la bouche ils me firent promettre d'aller
les voir à Leipsig en m'en retournant. Pour les remercier
je leur offris une des médailles commémoratives du con-
cours de Lyon ; on y a représenté la ville entourée d'attri-
buts musicaux et tenant un rameau d'olivier; tout autour
se déroulent ces mots latins :
Pax sequitur Musas, populos lyra fœdere jungit.
Ce vers leur plut beaucoup et les fit réfléchir. Il ne pou-
vait pas venir plus à propos.
Je rejoignis Reichel qui devait nous faire assister à une
petite cérémonie assez intéressante. La dépntation améri-
caine de New-York devait faire présent de son drapeau au
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