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                    CINQ JOURS A DRESDE                   399

n'est pas exclusivement destiné à la nourriture des ani-
maux rares qui en font l'ornement et qu'il s'y trouve de
fort bons restaurants. D é p l u s , ce jour-là, plusieurs or-
chestres militaires devaient s'y faire entendre.
   Je trouvai là tous mes camarades moins un: je trouvai
les orchestres militaires: je trouvai aussi les animaux, qui
déjeunaient pour la plupart de fort bon appétit, mais je ne
trouvai pas trace du comité organisateur.
   Aucun déjeuner n'avait été commandé par lui dans les
restaurants du jardin, et, assez inquiets sur le sort de nos
estomacs, nous attendons les événements.
   Mais les événements ne venant pas plus que le comité,
nous prenons le parti de déjeuner sans lui. Aussitôt un cri
part de la cuisine et se répète de table en table jusqu'à
nous : « Il n'y a plus que des saucisses ! » Va pour des
saucisses, pensons-nous, lorsqu'au même instant un se-
cond cri tout à fait terrifiant par sa signification part du
restaurant : « Il n'y a plus rien! ! ! » Les assistants cons-
ternés répètent avec stupeur: « Il n'y a plus rien! » et,
grâce au silence qui suivit cette désolante nouvelle, on put
entendre ces mots répercutés par les échos de l'immense
jardin, se perdre peu à peu dans le lointain.
   Les vivres eux-mêmes manquaient au rendez-vous!
   Sur ces entrefaites, M. AVaitz aperçut Fr. Reichel, mem-
bre du comité et compositeur du hourra musical de la fête.
Je ne l'avais pas vu depuis six ou sept ans que j'étais venu
à Dresde pour recevoir ses conseils comme musicien,
et j'avoue que j'eus beaucoup de peine a i e reconnaître;
lui en eut encore plus à me remettre, et, après nous être
 bien embrassés et attendris sur notre longue séparation,
j'apprends que je n'ai pas du tout à faire au Reichel que je
pensais, que mon ancien professeur a eu tellement peur
 du bruit de la fête qu'il s'est sauvé à la campagne pour
éviter ce déluge musical, et que le Reichel que j'ai sous les
yeux ne m'a jamais vu de sa vie.
  C'est égal, la connaissance se fait et il nous met au cou-