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396 VOYAGE DE LYON A YENNE. seignements exacts sur les distances en certains pays? Les campagnards vous croient chaussés des bottes du Petit-Pou- cet. Quand il ne vous répond pas le désespérant : Camino, camino, as paou que lo terro té manqué? le Provençal a sa petite heure qui traîne le voyageur toute une demi-journée. Le Gascon compte de petites lieues de 8 à 10 kilomètres. Ici, ils ont leurs petites portées de fusil, leurs deux pas, et autres formules non moins décevantes. Depuis que nos affaires nous appellent en ces contrées, nous nous faisons une joie de de- mander au vieux passeur : Combien y a-t-i! d'ici à P.? — Peuh ! deux pas. —Bon, mais comment longs, ces pas? — Eh ! eh ! une petite portée de fusil. — Fusil ordinaire ou fu- sil rayé? — Des fusils, quoi ! — Enfin combien faut-il de temps? —• Bah! si vous prenez le chemin de Parves, c'est tout près; mais si vous montez par Chemilleu, ce n'est pas plus loin. — Tirez-vous de là ! Par contre, ces bonnes gens se créent des idées incroyables et fantastiques sur la grandeur des villes qu'ils visitent. Vous ne leur persuaderez jamais qu'on peut aller en vingt minutes de Bellecour aux Terreaux. Ils racontent des choses fabuleu- ses sur la longueur de la rue Impériale. C'est ij pas vrai, me dit un jour un indigène desllaules Alpes, qu'on peutmarcher pendanl quatre heures tout droit devant soi, sans trouver la fin des maisons ? Une franche et cordiale hospitalité nous attend à P. Nous passons la soirée du lendemain chez un honnête cultivateur qui a moulé, non loin du fort, une scierie de marbre. On est tout à la fois étonné et ravi de trouver, dans ce site agreste, un ' bon père de famille raisonnant turbines el engrenages comme un mécanicien, une ménagère cordon bleu, un jeune homme bien élevé el une charmanlejeune fille portant avec distinction