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386                VOYAGE DE LYON A YENNE.

riôre les verres d'un binocle ? Je réponds bien qu'elle n'est
point myope. N'est-il pas absurde de défigurer au caprice de
la mode les plus belles œuvres du créateur? Mesdames les pri-
vilégiées, ayez donc le courage de votre beauté, et ne sacri-
fiez pas ce doa, précieux, quoi que l'on dise, aux étranges
manies des courtisanes en vogue         El d'ailleurs, qui porta
la première perruque? .. une chauve;qui, le premier pince-
nez?... une louche; qui, la première jupe-ballon ?... une mai-
gre. Quant aux rouges, celles qui le sont voudraient ne pas
l'être, mais ma voix prêche dans le désert... comme celle de
M. Dupin.
   Nous touchons à Grolée, Le cours du (l j uve devient si-
nueux, et je constate qu'il manque un chapitre à la Malice
des choses.
   En effet, quand je veux remettre ma valise au petit coin
qu'elle occupait à l'ombre, je le trouve changé en fournaise.
Je la porte à l'autre bord. Le Rhône fait un coude, et voilà
mon vin qui chauffe. Vite le sac à son ancienne place ! Un
coup de gouvernail et il est grillé. Ainsi de suite, sept ou huit
fois. De guerre lasse, je prends la ferme résolution de n'y
plus loucher... et alors, il resle en plein soleil. Méchant
fleuve et méchant soleil!
   L'horizon s'élargit. De hauts rochers d'un rouge ocreux,
zébrés débandes violeltes, courent dans le sein de la vallée.
A gauche, une plaine boisée, et devant nous, tout au loin,
des montagnes bleues aux sommets neigeux hardiment dé-
coupés sur un fond de carmin pâle. Quelques maisons a
pignons taillés en escalier apparaissent par les éclaircies du
feuillage. Quatre pelils naturels, en coslume de bain — sauf
le caleçon — barbo'.lent près de la berge en fumant des ciga-
rettes. Pour notre plus grande satisfaction, ils se prennent à
gambader sur le sable et dansent une pyrrhique sauvage et
primitive. Eh bien ! dans diverses poses, on reconnaît une