page suivante »
VOYAGE DE LYON A YENNE. 383 « Venez il nous reste un devoir à remplir. Lève-toi, lâche, « lève-toi et marche î... » Ils regagnent la maison du gardien. Le registre est encore ouvert sur la table. Tu as osé signer sur ce livre ! Ton nom ne doit pas y res- ter ! C'est une souillure ! Lave-la, lave-la avec ta langue; et à genoux, misérable à genoux ! Le nom de la viclime est écrit quelque part sur ces pages!... Tremblant de rage et de peur, la sueur de l'épouvante au visage, l'homme s'agenouilla el de sa langue effaça son * nom —• « Va maintenant, va cacher où tu voudras ton « existence flétrie, la honte t'atteindra parloul ! Tu es mar- « que au front » Et h leur tour, ils prirent ia plume. Le plus jeune des trois signa le dernier : Louis-Napoléon Bonaparte. Quant à la signature de l'étranger, en mettant la page à la lumière, comme un transparent, on peut lire encore, ] en- cre ayant mordu dans le papier : Hudson Lowe. Je réclame et j'affirme maintenant ma personnalité. C'est bien votre très-humble serviteur qui voit Briord et ses ro- chers en forme de citadelle, une passe étroite entre deux mamelons, un reste de forteresse qui devait la commander, un bloc qui rappelle le lion de Baslia et surtout une jeune dame qui arrive de Rix au bras d'un monsieur à tenue trop militaire pour être un officier en bourgeois. La dame est une brune éclatante de fraîcheur et de santé. Elle a de magnifi- que cheveux ondes; pourquoi ajouter à ce luxe de la nature les lobes d'une fausse crinière qui ressemblent h deux bou- lets de canon suspendus sous son petit chapeau, et lui font - un chignon indécent de l'arme et monstrueux de dimension ! Pourquoi cacher à chaque instant des yeux splendides der- 25